La mini-maison: une solution pour les aînés?
La mini-maison fascine depuis plusieurs années. Si le concept a pris son envol après la crise financière de 2008, il semble avoir récemment trouvé un nouvel usage: aider les personnes âgées à garder leur autonomie plus longtemps. On décortique la tendance.
Les maisons de moins de 1000 pieds carrés (et celles qui ne dépassent pas 500 pieds carrés, qu’on appelle alors micro-maisons) ont la cote auprès des minimalistes. Des quartiers entiers de mini-maisons ont même été développés au Québec au cours des dernières années. Celles-ci séduisent un nombre important de retraités, qui y voient la solution parfaite pour garder leur autonomie et profiter de la vie.
C’est particulièrement vrai aux États-Unis, où 30% des propriétaires de mini-maisons auraient entre 51 et 70 ans, selon un sondage publié en 2015. Alors qu’on prévoit que 25% de la population québécoise sera âgée de 65 ans et plus en 2030, la tendance pourrait faire une percée dans la Belle Province. D’autant plus qu’habiter dans une résidence pour personnes âgées n’est pas donné et ne convient pas à tous.
L’adaptation est la clé
La mini-maison comporte plusieurs avantages. Abordable, elle peut dans certains cas être achetée comptant, ce qui élimine les paiements hypothécaires, qui grugent une bonne partie du budget. Sa taille lilliputienne réduit considérablement la facture énergétique. Elle peut aussi s’adapter aux besoins de ses résidents.
Certaines compagnies ont d’ailleurs flairé la bonne affaire. Elles ont conçu des demeures pour les gens en perte d’autonomie, avec notamment des armoires basses et une salle de bain accessible en fauteuil roulant.
En Australie, par exemple, la cofondatrice de Tiny Footprint a aménagé une résidence pour sa mère, à proximité de la ferme familiale. L’espace comprend une grande rampe à l’avant, de larges entrées et des comptoirs de cuisine abaissés. Tout a été pensé pour lui permettre de vieillir tranquillement: le réchaud à induction s’éteint automatiquement lorsqu’on retire le chaudron, le lit monte et descend à l’aide d’un bouton, révélant en dessous un espace salon et des armoires pour le rangement, et les stores de la véranda sont motorisés.
Un modèle semblable existe aux États-Unis, la Minka House. Créée par le médecin gériatre Bill Thomas, en collaboration avec un architecte, la maison de 600 pieds carrés est construite à l’aide d’imprimantes 3D et de machines, limitant ainsi le nombre de personnes nécessaires pour préassembler les pièces avant leur expédition sur le chantier.
La première résidence a été installée sur le campus de l’University of Southern Indiana l’an dernier. L’initiative fait partie d’un effort plus vaste «visant à créer une transformation culturelle liée au vieillissement en communauté», selon un communiqué de presse de l’université. Son inventeur espère un jour voir pousser des villages de Minkas, où jeunes et moins jeunes cohabiteraient avec bonheur.
La tendance a aussi donné des résultats inattendus. À Chicago, les affamés peuvent se remplir la panse d’authentique cuisine italienne mitonnée par les Sausage Nonnas, trois sympathiques grand-mères italiennes qui préparent des repas dans leurs mini-maisons sur roues avant de les livrer aux quatre coins de la ville. Pas étonnant qu’Uber se soit associé avec elles. Ces grand-mères sont de l’or en barre.
Sentiment de communauté
En plus de permettre aux retraités de vivre chez eux plus longtemps, la mini-maison pourrait restaurer un certain sentiment de communauté. La compagnie Coach Homes d’Ottawa dessine par exemple quatre modèles conçus pour être érigés sur le terrain de leurs proches. «L’interaction sociale avec la famille est vraiment importante. Et beaucoup d’aînés qui vont dans des maisons de retraite ressentent cet isolement», a expliqué sa présidente, Louise Desjardins, en entrevue à la CBC.
Nurse on board s’est associée avec Coach Homes dans ce projet. Elle fournit un ensemble de services pour aider les personnes à vivre de manière assez autonome, même en cas de problèmes médicaux graves. Les clients ont accès à une infirmière autorisée à coordonner leurs soins, notamment la physiothérapie à domicile, les soins des pieds et l’hygiène dentaire.
La mini-maison devrait continuer de gagner des adeptes chez les personnes âgées dans les prochaines années. Reste à voir si l’engouement atteindra le Québec.