De l’importance de réaliser ses rêves
À moins d’avoir passé les dernières semaines sur Mars, vous avez sans doute entendu parler de cette famille décimée par le tremblement de terre en Équateur le 16 avril dernier. Alors que la mère, Jennifer Mawn, et le fils, Arthur, sont décédés, le père et la fille sont actuellement de passage au Québec. Les survivants, Pascal Laflamme et Laurie-Ann, qui a célébré son 14e anniversaire la semaine dernière, ont accordé quelques entrevues à des médias québécois au cours des derniers jours, du Journal de Québec à Gravel le matin.
Ensemble pendant 16 ans, Jennifer Mawn et Pascal Laflamme ont beaucoup voyagé, d’abord à deux, puis en famille. Ils ont notamment vécu à l’île de la Réunion et à l’île Maurice, avant de choisir l’Équateur pour faire leur nid. Pour plusieurs, leur histoire s’apparente au pire scénario qu’on puisse imaginer.
Les tragédies qui se déroulent à l’étranger nous parviennent toujours avec une espèce d’amplification. Est-ce à cause du contraste entre le rêve et le caractère parfois impitoyable de la vie? Je ne sais pas. Mais comme plusieurs d’entre vous, j’ai versé toutes les larmes de mon corps en lisant l’article du Journal de Québec. Impossible de ne pas penser à ma propre famille. Impossible de ne pas penser à ma propre expatriation à Taïwan, entre typhons et tremblements de terre…
Comme toujours, j’en reviens au même constat: des drames peuvent survenir n’importe où. Appelons cela de la malchance ou «le destin», mais quand le malheur frappe, aucune logique ne tient la route. Ici ou ailleurs, perdre un être cher fait mal. Alors quand on multiplie la douleur par deux… Cette seule pensée suffit à inonder à nouveau mes joues.
Rêver plus fort
«Nous ne laisserons pas cet événement détruire nos rêves, a confié l’homme d’affaires au journaliste Nicolas Lachance. Jennifer et Arthur ne le permettraient jamais.»
À Alain Gravel, Pascal Laflamme parlait de sa femme au présent. Je suis toujours bouleversée d’entendre ceux qui restent parler des morts au présent. Aux gens qui leur demandent s’ils vont revenir vivre à Montréal, l’homme répond sans hésiter: «C’était notre vie de famille. Aujourd’hui notre famille, c’est Laurie-Ann et moi. Pourquoi, maintenant qu’on est deux, notre rêve serait différent?»
«Vivre à l’extérieur de sa zone de confort, lorsqu’on y a goûté M. Gravel, on ne peut plus revenir, a-t-il poursuivi. Ma zone de confort, pour moi, c’est ma zone d’inconfort. C’est comme ça que je me sens bien.»
Une part de moi ne peut s’empêcher de se demander ce qui aurait été le pire: rester tranquillement à la maison, ne jamais aller au bout de ce rêve d’expatriation et que Jennifer soit toujours en vie, ou avoir fait de ce rêve sa réalité, mais avec la fin abrupte qu’on connaît maintenant? C’est une question vaine, j’en conviens.
N’empêche, cette phrase de Pascal Laflamme, pourtant tellement clichée quand prononcé par d’autres, me hante depuis la parution de l’article du Journal de Québec : «Ne remettez rien à demain. Tout ce que vous êtes capable de faire aujourd’hui, faites-le, parce qu’on ne sait jamais. Dites à vos enfants que vous les aimez, tous les jours, serrez-les dans vos bras et profitez de chaque moment…»