Démoli au début des années 1960, le faubourg à m’lasse était un quartier ouvrier de l’est de Montréal. Il devait son surnom à l’odeur de la mélasse provenant des quais du port, ce qui ne déplaisait pas aux enfants qui ramassaient les coulées des tonneaux.
En 1963, plus de 5 000 personnes ont été déplacées pour la construction des anciens édifices de la Société Radio-Canada. Sont expropriés 678 logements, 12 épiceries, 13 restaurants, 8 garages et une vingtaine d’usines. Voici des photos du faubourg à m'lasse en 1963, tirées des Archives de la Ville de Montréal. Les numéros apparaissant sur les photographies correspondent aux numéros d’inventaires sur le plan d'expropriation.
Photo: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de MontréalPhoto: Archives de la Ville de Montréal
Après son best-seller Promenade dans le passé de Montréal coécrit avec Laurent Turcot, Dinu Bumbaru propose un nouvel ouvrage sur la métropole québécoise.
Dans le livre précédent, il nous racontait la ville avec des photos tirées des riches archives du journal La Presse. Cette fois-ci, il partage avec nous les croquis qu’il a fait de lieux emblématiques (ou pas) de la ville de Montréal.
J’ai toujours connu Dinu Bumbaru comme un ardent défenseur du patrimoine montréalais, mais je ne lui connaissais pas ce talent de dessinateur.
L’homme profite de ses déplacements en autobus pour dessiner ce qu’il voit. «Chaque croquis est fait sur place, à la mine de plomb, sans droit à l’efface», dit-il. Pour lui, dessiner est un acte citoyen qui permet de s’approprier la ville, de veiller sur elle.
Le livre compte 200 dessins choisis parmi des milliers consignés dans des carnets rigides assez petits pour être transportés dans une poche de manteau.
Dinu Bumbaru nous amène aux quatre coins de Montréal, mais, en habitué de l’autobus 80, il semble avoir un faible pour l’avenue du Parc où il a croqué au fil des ans l’Hôtel-Dieu, le kiosque à musique, la centrale des alarmes du Service des incendies, le monument en hommage à Georges-Étienne Cartier, le magasin de tapis H. Lalonde & frère, la librairie Renaud-Bray (l’ancien théâtre Regent), le théâtre Rialto, l’édifice Bovril (angle Van Horne).
Les dessins, remplis de détails, sont beaux à regarder, et les textes qui les accompagnent, intéressants à lire. L’auteur nous apprend plein de choses sur les lieux qu’il dessine. Saviez-vous, par exemple, que l’architecte du Rialto, Raoul Gariépy, s’est inspiré du Palais Garnier de Paris? Que les tableaux ornant les murs du grand chalet du Mont-Royal ont été réalisés par Paul-Émile Borduas, Marc-Aurèle Fortin, Adrien Hébert alors qu’ils n’étaient pas connus?
Dinu Bumbaru ne se prive pas non plus d’y aller de commentaires acerbes sur des décisions d’urbanisme qu’il juge mauvaises, comme la construction du CHUM à l’angle de Saint-Denis et de René-Lévesque ou l’abandon de joyaux comme l’ancienne station de pompage Craig située entre la Maison Radio-Canada et l’usine Molson. On reconnaît là l’homme engagé d’Héritage Montréal.
Voici deux livres pour faire un beau voyage dans l’histoire de Montréal.
Traces de l'histoire de Montréal (Boréal)
Voici un projet qu’ont mené l’historien Paul-André Linteau, le sénateur et collectionneur d’art Serge Joyal et l’archiviste Mario Robert.
Unissant leurs expertises, ils ont créé un beau livre qui retrace l’évolution de la ville à travers des objets, des sculptures, des dessins, des peintures, des cartes, des photos, des affiches. Ça va d’une pipe iroquoienne à une photo de Montréal prise de l’espace par l’astronaute Chris Hadfield en passant par une toile d’Adrien Hébert représentant le port de Montréal au début des années 20.
Les chapitres sont divisés en cinq grandes périodes: les débuts sous l’égide de la France, le moment où Montréal est un pôle important du commerce britannique, lorsqu’elle devient la métropole du Canada, l’échappée vers la modernité qui culmine avec Expo 67 et son repositionnement comme métropole québécoise ouverte sur le monde.
Les images qui illustrent chacune de ces époques sont édifiantes. On se perd à scruter les multiples détails que les courts textes qui accompagnent les photos soulignent, que ce soit l’allure que la ville avait lorsqu’elle était fortifiée, les détails de l’architecture de l’hôpital Royal Victoria ou le visage incroyablement anglophone que présentait la rue Sainte-Catherine dans les années 60. Les œuvres représentées viennent de différentes collections privées et publiques et, pour la plupart, ont été peu diffusées, ce qui donne à l’ouvrage un caractère surprenant.
Vous aimez L’histoire en photos de Marie-Lise Paquin sur Avenues.ca? Vous raffolerez de cet ouvrage dans lequel Dinu Bumbaru et Laurent Turcot commentent 275 photos de Montréal tirées des archives que le journal La Presse accumule depuis sa fondation en 1884.
Le défi était de taille. Des archives, c’est inerte, abondant et ça demande à être mis en contexte. Ce que nos deux experts ont fait en mettant à profit leur expertise. On connaît la passion de Dinu Bumbaru pour le patrimoine et celle, pour l’histoire, de Laurent Turcot. Ensemble, ils ont donné une trame à ces fragments du passé. La promenade qu’ils nous proposent nous amène à la rencontre des gens qui peuplent cette ville, des lieux qu’ils habitent et qu’ils fréquentent, des services dont ils disposent, de leur rapport aux saisons, des transformations et des catastrophes qu’ils subissent. Au fil des 300 pages, on fait des découvertes stupéfiantes.
Le saviez-vous? À son ouverture, en 1916, le théâtre Saint-Denis était la plus grande salle de spectacle au Canada. L’île Sainte-Hélène a servi de base militaire; pendant la Deuxième Guerre, des prisonniers italiens y cultivaient des légumes. Le belvédère du mont Royal sur la voie Camilien-Houde a été construit à partir des débris provenant de la démolition du tunnel du tramway 11.
En tournant les pages, l’histoire défile. On revoit des joyaux architecturaux aujourd’hui disparus, des chantiers titanesques qui ont changé la face de la ville, mais aussi des scènes de la vie quotidienne qui ont forgé le caractère si particulier de Montréal. Chaque photo est éloquente. Le livre constitue d’ailleurs un bel hommage à la grande tradition du photojournalisme au journal La Presse.
On dit souvent qu’on maltraite notre devise Je me souviens. Cet ouvrage nous offre une magnifique occasion d’y faire honneur et de recharger notre mémoire.
Les ruelles vertes étaient déjà populaires, mais, en ces temps de pandémie où l’envie de sortir d’entre quatre murs se fait cruellement sentir, elles connaissent un réel engouement.
L’expression troisième lieu vous dit-elle quelque chose? Développée par le sociologue américain Ray Oldenburg, la notion désigne les espaces où l’on peut se retrouver et échanger en dehors de la maison (le premier lieu) et du travail (le deuxième). On l’appelle aussi le tiers-lieu.
Au Québec, on associe surtout le terme aux bibliothèques récentes, mais il englobe en plus les cafés, les centres culturels, les bars de quartier et autres endroits pour garder le contact. Bref, c’est un peu le perron de l’église du XXIe siècle.
La COVID-19 et ses conséquences ont affecté le moral de bien des gens. La pandémie a également eu un impact sur les places où la communauté se construit au fil des conversations, rendues pratiquement inaccessibles durant le confinement. Privés de tiers-lieux, les Montréalais semblent s’être trouvé un nouvel endroit pour socialiser: la ruelle.
Photo: Arrondissement de Villeray, Ville de Montréal, Flickr
Nombre grandissant
La toute première ruelle verte est née en 1995 sur le Plateau-Mont-Royal, entre les rues de Mentana, du Parc-La Fontaine, Roy et Napoléon. Depuis, le projet a fait des petits. En 2019, Montréal en comptait 444 et plusieurs autres ont fait leur apparition cette année.
L’arrondissement qui a vu naître le concept en dénombre notamment huit de plus. D’ici la fin de l’été, Rosemont–La Petite-Patrie ajoutera cinq nouvelles ruelles vertes à ses 123 existantes, alors que 10 auront poussé dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Ce ne sont là que quelques exemples. D’autres aménagements devraient se tailler une place un peu partout sur l’île avant l’automne, d’Ahuntsic à Verdun.
L’engouement ne se limite pas qu’à la métropole. On en retrouve quelques-unes à Québec depuis 2017, dans le quartier Limoilou. Même la ville de Rouyn-Noranda souhaite désormais créer des ruelles vertes afin que «les citoyens se réapproprient l’espace derrière leur maison».
Ces oasis présentent d’ailleurs de nombreux avantages. En plus d’offrir un espace collectif sécuritaire, elles luttent contre les îlots de chaleur, apaisent en partie la circulation automobile et favorisent souvent l’agriculture urbaine.
Photo: Matthieu Guyonnet-Duluc, Flickr
Sentiment d’appartenance et esprit de communauté
Comme le soulignait en entrevue avec La Presse Louise Hénault-Éthier, chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki, la pandémie actuelle s’avère propice à la réalisation de ces ruelles vertes, qui permettent de «renforcer le tissu social dans les quartiers» et d’encourager les conversations entre jeunes et moins jeunes.
Si vous vous êtes aventuré dans les arrière-cours montréalaises depuis le début de la pandémie, vous l’aurez sûrement remarqué: celles-ci sont plus animées, plus habitées qu’à l’habitude. Les enfants, en congé forcé, y jouent ensemble, les parents qui doivent jongler avec le télétravail en profitent pour discuter de tout et de rien, et les promeneurs sont plus nombreux. C’est vrai pour les ruelles vertes, mais la même chose pourrait être dite pour les ruelles plus traditionnelles et les parcs.
À la recherche de nouveaux troisièmes lieux afin de combler ce besoin intrinsèquement humain de socialiser, les villes saisiront peut-être l’occasion pour ajouter d’autres espaces publics. Vienne, par exemple, vient de transformer — en seulement quelques jours! — une imposante intersection à sept voies en petit paradis éphémère. Piscine, espaces verts, kiosque gastronomique et scène en bois accueillent désormais les citadins à la place de l’asphalte, et ce, jusqu’à la fin du mois. La différence entre les photos avant et après est frappante.
Photo: Twitter
Espérons que l’idée inspire d’autres villes du monde. D’ici là, la ruelle est en voie de devenir le lieu de rencontre par excellence.
Si l’on trouve le processus de déneigement long au 21e siècle, on peut à peine s’imaginer le temps nécessaire pour déneiger à la pelle avec des bennes tirées par des chevaux!
Ce n’est qu’à partir de 1905 que la Ville commence à prendre à charge le déneigement des voies publiques. La première souffleuse mécanisée Sicard, quant à elle, n’apparaît que dans les années 1920. Voici quelques images retraçant l’histoire du déneigement à Montréal et à Québec.