Des expériences culinaires… et humaines!
Des expériences menées avec la nourriture font ressortir le bon côté des humains, ou poussent à des questionnements sur nos sociétés.
Partager sa nourriture
Les enfants ne sont souvent pas encore influencés par notre société et sont souvent bons de nature. Paul Piché le disait «Pis les enfants c'est pas vraiment vraiment méchant / Ça peut mal faire, ou faire mal de temps en temps / Ça peut cracher, ça peut mentir, ça peut voler / Au fond, ça peut faire tout c' qu'on leur apprend». The sharing experiment, mené avec un simple sandwich, en dit long sur le réflexe généreux des enfants. Ça fait sourire.
La nourriture comme outil social
Je vous en parlais dans le texte «Jouer avec sa nourriture»: les expériences de la designer culinaire néerlandaise Marije Vogelzang, qui était en visite à Montréal le printemps dernier, me fascinent.
Pour Vogelzang, la nourriture est un «outil» qui peut avoir un véritable caractère social. Elle propose donc des installations artistiques qui, à l’aide de la nourriture, dévoilent la nature humaine.
La designer travaille avec les aliments, certes, mais toujours, selon elle, pour parler de l’humain. «J’essaie d’utiliser une approche créative pour aider les gens à réévaluer leur relation avec la nourriture, mais aussi pour les pousser à échanger les uns avec autres.»
C’est le cas, par exemple, du projet «Eat Love Budapest» pendant lequel des femmes hongroises se laissent nourrir par des femmes gitanes cachées derrière un rideau. Si, «dans la société, les gitanes sont habituellement en position de recevoir, ici, ce sont elles qui donnent et la nourriture crée un lien fort qui fait se rassembler les peuples» explique Marije Vogelzang.
Pour clore sa conférence, le printemps dernier, à Montréal, la designer a affirmé: «If you break bread together, you won’t break each others neck» (Si vous rompez du pain ensemble, vous ne romprez pas le cou les uns des autres). Voilà le principe par lequel ses expériences sont inspirées.
Manger avec l’ennemi
Dans le même ordre d’idée, il y a la série documentaire À table avec l’ennemi. Celle-ci nous plonge au cœur de la réalité des habitants de zones de conflit aux quatre coins de la planète.
Dans cette fascinante série, le journaliste Frédérick Lavoie et le chef cuisinier Charles-Antoine Crête parcourent des régions affectées où ils organisent un «souper de la paix», réunissant des représentants des parties opposées: politiciens, militants, militaires ou simples citoyens.
Ici, il est fascinant de constater que les discussions sur la guerre et la paix possible sont probablement bien différentes parce qu’elles ont lieu autour d’un repas inspiré par les traditions et ingrédients locaux. Parce que oui, manger avec l’autre le rend tout de suite un peu plus ami qu’ennemi.
Manger pour aimer
Ces expériences prouvent ce qu’avance Jean-Pierre Lemasson, sociologue de l’alimentation: «Manger, ce n’est pas juste se remplir l’estomac. C’est aussi un geste de sociabilité». C’est pourquoi il ne faut jamais banaliser l’importance des repas pris en famille, entre amis ou entre collègues. Pour le moment, de toute façon, que peut-on faire de plus important que de socialiser, d’aller à la rencontre des autres et d’aimer ceux qui nous entourent?